Mesdames, Messieurs, Chers enfants,

Merci de vous être rassemblés aussi nombreux pour célébrer notre fête nationale et bienvenue à tous les touristes et visiteurs qui nous accompagnent en cette circonstance. Nous tous, Maureillanais de souche, d’adoption, ou encore de cœur, qui sommes ici, représentons la communauté villageoise unie autour des valeurs de la République, un événement festif d’abord, mais qui n’empêche nullement quelques instants de réflexion sur ce qu’est une communauté. Vivre en communauté doit présenter quelques avantages car les ermites, les misanthropes et autres solitaires sont rares par chez nous, et ailleurs dans le monde. Mais vivre en communauté, c’est aussi supporter l’autre dans sa diversité, dans ses mœurs, dans son mode de vie, sa langue, sa religion, bref, cela demande des efforts réciproques et surtout du respect mutuel. C’est apporter sa part au bien commun et renoncer parfois au bien particulier, et cela vaut pour chacun de nous.

Dans notre République, ces conditions sont à peu près remplies par toutes les communautés de communes, les départements, les Régions et jusqu’à notre communauté ultime, celle qui nous rassemble tous, l’Etat. Sa justice veille d’ailleurs aux bons rapports entre les individus et les communautés, ce qui n’est pas facile mais c’est le fondement même de l’Etat de droit. Notre pays a pourtant vécu des actes inqualifiables de barbarie qu’aucune appartenance communautaire, aucune difficulté d’intégration, aucune croyance ne saurait justifier à mes yeux. La communauté de vie ne peut en aucun cas être dépendante de la vie des communautés, dont aucune ne peut s’exonérer du droit commun. La communauté nationale, bien que traumatisée n’a pas sur-réagi à ces horribles tragédies et il faut s’en féliciter, tous ensemble, en faisant confiance à l’Etat et à ses représentants, tant notre police que notre justice, pour que chacun reste dans l’Etat de droit.

Une communauté est comme un être vivant, il évolue et s’adapte mais sans renier ses fondements. Partout des femmes et des hommes font vivre les communautés, pour le meilleur, en principe. Merci donc à tous ceux qui s’impliquent dans la vie de notre communauté, aux plus de 40 associations qui animent le village tout le long de l’année, à tous les agents des services publics et à tous ceux qui entreprennent à Maureillas, cette fête nationale est d’abord la leur, eux qui bénévolement ou professionnellement, sont, au jour le jour, au service de la communauté. Nous aurons l’occasion de remercier certains de leurs membres en leur remettant diplômes et médailles de la ville.

Nous sommes une des dix communes de la communauté de communes du Vallespir, et là aussi, nous trouvons des avantages mais aussi des obligations en contrepartie. Déjà, les Ordures ménagères, l’instruction du droit des sols, les crèches, les centres aérés, ont été transférés, bientôt le tourisme et la gestion de l’eau, le seront également, dés cet hiver. Mais nous n’avons pas disparu pour autant en tant que village, nous n’avons pas disparu parce que nous sommes devenu un parmi dix autres. Nous sommes quatre conseillers pour Maureillas élus à la communauté de communes à travailler côte à côte avec nos collègues des neufs autres. C’est un travail en commun, pas toujours facile mais nécessaire et utile à tous les habitants de la communauté de communes. Vivons nous plus mal à Maureillas, à Las Illas ou à Riunogués, sommes nous moins bien servis depuis le passage progressif de plus en plus de services à la communauté ? Je ne le crois pas et suis même persuadé du contraire : le contact des autres, leurs façons de voir, leurs expériences sont enrichissantes pour notre village. Le temps des Clochemerle est révolu et bon débarras !

Je pourrais parler de même des communautés que constituent le Département, ou la Région, et notez bien que jamais je ne dirais Occitanie, car c’est une tromperie géographique, historique, linguistique et réductrice : même la Septimanie de Georges Frèche avait elle, au moins un semblant de légitimité, Fermons la parenthèse et laissons les hypocrites se lamenter avec leurs larmes de crocodile. Les Catalans auront l’occasion de reconnaitre les leurs, très bientôt.

Mais je voudrais en venir, et je crois que vous vous doutiez bien où je voulais en venir, à la communauté européenne que l’Angleterre vient de quitter. Nous devons tous le regretter, et non pas nous en réjouir. Ce qui est en jeu va bien au-delà des petits calculs politiciens habituels, bien au-delà des comptes d’apothicaires des épiciers de l’histoire. C’est une Europe de la paix, construite librement par les états membres, une communauté inédite dans l’histoire qui se bâtit depuis seulement 70 ans, qu’il s’agit de défendre. Une petite et minuscule période à l’échelle de l’Histoire. Tout le contraire des épouvantables guerres qui avaient ensanglanté notre continent depuis douze siècles, et au moins depuis le fatidique traité de Verdun de 843, oui, vous avez bien entendu 843. Et que dire de tous ces conquérants, qui voulaient l’Europe pour eux seul, Charlemagne, Charles Quint, Napoléon et le dernier de la trop longue série, Hitler ? Alors, l’Europe n’est pas parfaite, le temps, les hommes, les événements, les problèmes en ont contrarié et en contrarient toujours l’évolution et il faut en améliorer le fonctionnement. Soyons patients et réalistes et demandons à ceux qui la représentent de se souvenir qu’ils ont en charge une communauté et non un marché ou une foire d’empoigne, ou une juteuse poire pour la soif, n’est ce pas M.Baroso ? et qu’ils se doivent de respecter cette communauté et de faire ainsi honneur à leur communauté d’origine. Tant de vrais chefs d’état comme De Gaulle, Adenauer, Schmidt, Giscard, Mitterrand, Kohl l’ont fait et ont ainsi honoré de leur actions et de leur foi, ont contribué à fortifier cette Europe que les nationalismes et les populismes de tout poil veulent nous voler. Entre eux qui ont fait l’Europe et les Farage, Johnson, Le Pen, Mélenchon, Dupont-Aignan et autres marchands d’illusions, il y a, comme on dit simplement, entre nous, non, il n’y a pas photo !

En ce jour de fête nationale, la France qui a déjà beaucoup apporté aux autres peuples, se doit d’adresser un message d’espoir pour l’Europe, elle se doit de nous rappeler à tous la devise de la République, celle qui contrarie tant d’esprits égoïstes et rabougris, celle qui rappelle les conditions de base de la vie communautaire, quelle que soit la communauté : LIBERTE EGALITE FRATERNITE. Voilà mes chers amis ce que peut inspirer un quatorze Juillet en 2016 à nous tous, du moins, je le souhaite de tout mon cœur.

Bon bal, bon feu d’artifice et bon apéritif à vous tous !

Vive la République, vive la France.